Comment rester silencieux alors qu’une escroquerie s’amplifie de jours en jours sous nos yeux d’amateurs de musique. Il y a un peu plus de 10ans, le mouvement Hip Hop se trouvait infiltré par les sbires de l’Empire. Chacun a hélas un prix et ce mouvement artistique n’échappe pas à la règle. Issue d’une pensée réformiste, souvent radicale; le Hip Hop exprimait lyriquement tout haut, ce que les exclus pensaient tout bas. Au moment du « bing bang » capitaliste (70-80), une grande partie de la population Nord Américaine était exclus de la course avant même le départ, généralement disqualifié pour cause de pigmentation épidermique « non réglementaire »…
C’est ainsi que beaucoup de penseurs; héritiers intellectuels des joutes verbales lyriques initiées par Mohammed Ali, se lancèrent dans la dénonciation de l’injustice qui les frappait. Au premier rang desquels, Public Ennemy dont les textes restent d’actualité 20ans plus tard. Bref, ces artistes voulaient bien sur vivre de leur musique, mais sans jamais trahir leurs racines idéologiques, elles mêmes étroitement liées aux souffrances des quartiers dont ils venaient. Ces fameux quartiers ont en effet plusieurs fonctions essentielles à l’Empire :
-Ils sont un rappel aux membres du club capitaliste, de ce qui arrive aux non membres.
-Ils sont une « exposition » intra frontières, de ce fameux Tiers Monde dont les membres entendent vaguement parler la lueur bleu le soir vers l’heure du dîner.
-Ils sont une zone chaotique où les membres peuvent venir échanger les « services » normalement gérés par les pouvoirs publics.
Les amateurs de musique urbaine étaient au rendez vous des productions artistiques Hip Hop. Parmi ces derniers, on pouvait trouver une large proportion de personnes « géographiquement » et idéologiquement très éloignés du mouvement Hip Hop, soutenant pourtant le travail de ces artistes « révolutionnaires ». Les raisons sont nombreuses et complexes mais on tentera néanmoins d’en faire un petit récapitulatif. Il est absolument évident pour quiconque connaît le monde dans lequel il vit, que les populations opprimées et exclues dans la société occidentale exercent une fascination (parfois malsaine, intellectuelle ou juste naïve) sur les « membres du club ». On peut noter que le sentiment de peur est très présent dans les rapports entre ces deux groupes de citoyens; une peur qui engendre le besoin de « connaître » l’autre (plus pour rassurer son ego que pour vraiment comprendre). Les ouvrages se penchant objectivement sur le sujet étaient rares et trop dérangeants pour les « membres »[1]; puis apparu cette musique, distribuée dans la boutique au coin de la rue, où l’on pouvait écouter (mais souvent pas entendre hélas) les revendications sociales, culturelles, ainsi que beaucoup d’appels au secours adressés à ces mêmes membres. Le marché pris donc rapidement beaucoup d’ampleur et attira ainsi les vautours et autres charognes de la machine marchande. Lentement mais sûrement, les fonds de productions furent investis dans des musiques « contre révolutionnaire » vantant les mérites du capitalisme inique. On oublia donc de demander la fin de la brutalité policière et de la sauvagerie économique, pour raconter de jolies petites balades sur des sons enchanteurs, nous expliquant que la vie dans les quartiers pauvres est dur mais romanesque : « La femme de ce type me préfère donc je lui ai tiré dessus, puis je me suis un peu drogué avant de faire un braquage »; agréable après tout…
Je ne m’attarderai surtout pas sur le traitement fait aux femmes dans cette mouvance musicale…
Avec comme « morale » finale, qu’il nous faut faire la course à l’argent, que l’argent fait l’homme et que ce système qui exclu et affame est en réalité équitable pour qui s’énerve. Avant de passer aux derniers avatars (notre objet d’aujourd’hui), qui ont hélas pris le devant de la scène Hip Hop; il faut préciser que la concurrence pour les membres est bien contrôlée de manière à rester physiquement pacifique alors que pour les non membres on encourage une concurrence violente et finalement autodestructrice. Ainsi la route de la déchéance artistique est arrivée au bord du précipice de la médiocrité. Nous avons aujourd’hui des « rappeurs » qui nous parlent de leurs compte en banque, des 500 000$ de diamants qu’ils ont sur le corps, de la taille des jantes des roues de leurs voitures, du nombre de femmes à qui ils ont fait des enfants (!!!) Et encore (!!!), voir même un cas extrême de bêtise humaine, qui a réussi à parler négativement pendant 5 heures (4 albums) de sa mère…et tout cela vendu plus de 22 millions de fois…!!!
Tous sont des produits et non des artistes. Les consommateurs d’inutilité sont habilement convaincus de l’originalité et de l’authenticité des produits qu’ils achètent. Un chanteur devient ainsi une pub ambulante, qui; après avoir épuisé le marché de tel « style » « corportementalo-vestimentaire », renouvelle sont commerce en changeant de « style » (l’arlequin est très en vogue ces jours ci)…Nous sommes bien sur tous d’accord sur le fait que la marionnette qu’on nous agite devant les yeux n’est en rien responsable de tout ça, étant intellectuellement trop limité pour pouvoir « comploter/marketing », et que les fameuses « majors » sont les responsables de ce bourrage de crâne malsain. Prenons comme exemple 50cent (Rien de personnel mais il est le plus présent donc…). Il ne s’agit évidement pas ici de faire le procès de sa personne mais de son rôle de bouffon. Lyrics déplorables, aucun message revendicatif, trahison totale du Hip Hop et agent très efficace de la contre révolution dans les esprits des plus immatures. Après avoir résumé en une ligne le travail de Snoop Dogg un peu plus haut, je ferai de même ici avec ses « idées » : « Je suis un gros dur, ex-prisonnier. On m’a tiré dessus plein de fois et maintenant j’ai réussi à être membre du club capitaliste donc la vie est belle. J’ai plein de femmes (bien sur le mot femme n’est pas dans son vocabulaire, mais bon…) autour de moi, je conduis de belles voitures, je suis le Roi, je suis génial (il a même osé se comparer a Mohamed Ali…rrrr) et comme je gagne beaucoup d’argent je n’ai aucune raisons d’apprendre à lire et écrire… »
Bref le mouvement Hip Hop est dans le coma et le Hip Pop le débranche à chaque fois qu’il va se réveiller (Talib Kweli, Common ou K-OS sont de vrai artistes par exemple).
En France on peut noter que le mouvement Hip Hop n’est pas encore totalement corrompus par $$$, toutefois on peut lui reprocher d’oublier de faire de la musique « musicale »… Phil
[1] Toute conscience honnête se doit de lire au moins un des deux suivants: The autobiography of Malcolm X par Alex Haley et Soul on Ice de Eldridge Cleaver.
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