Thursday, July 07, 2005
Chronique d’une vie de martyre économique du système France.
Il s’agit ici, à travers le portrait d’un homme, d’illustrer l’urgence et la nécessité de réforme du système France.Il est né sur le sol français au début des années soixante. Ses parents avaient du fuir l’Algérie après l’indépendance car son père était un « Harki », un soldat français « indigène » comme ils disent…En réalité un berger, enrôlé de force dans cette armée coloniale; un berger des Aurès, dont le seul tort était de vivre dans la misère la plus totale et de s’être trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Ils arrivèrent ainsi dans une France hostile. A sa naissance les directives gouvernementales du général De Gaule poussaient les nouveaux venus à donner des noms « français » à leurs enfants nés sur le sol hexagonal. C’est ainsi que les infirmières de l’hôpital St Maurice, après avoir recherchées « longuement » dans leurs consciences d’agents de l’arrogance coloniale, le nommèrent Maurice devant la loi…Évidement ses parents lui donnèrent un nom arabe (plus exactement Berbère) en harmonie avec son identité, qu’il ne pu hélas jamais mettre à la place de son nom « français » pour des raisons que nous verront ultérieurement. Maurice grandit donc dans une cité HLM, au joli nom d’arbre, dans laquelle il fut exposé à toute la précarité, la misère et la violence qui en découle. Dès l’enfance les choses étaient très clairs pour tous ces enfants : leurs parents étaient exploités et travaillaient très dur (voir souvent beaucoup plus dur que les gens en dehors du ghetto) pour être pauvre. Sa scolarité fut un échec, les professeurs ethno-centrés; bon aller soyons direct, racistes et bigots, passaient plus de temps à vouloir assimiler ces enfants qu’à enseigner. Le premier souvenir d’école de Maurice était d’avoir était mis à la porte de sa classe car il insistait à répondre : Algérien! Quand son professeur lui demandait quel était son pays. Alors évidement on se demande tous pourquoi quelqu’un de supposément éduqué irai demander à un enfant de 7ans (et oui…7ans…) : Maurice, quel est ton pays? (on remarque que l’obsessionnel question française d’appartenance et d’allégeance remonte loin!) Et irai jusqu'à punir un enfant dont le cœur refuse l’assimilation…C’est ainsi qu’il fut dégoûté de l’école dès le départ. Ajoutons à ça, des listes de matériels scolaires trop cher pour ses parents (comme tous ses voisins de la cité) et aucun accompagnement pour ces enfants dont les parents ne savaient souvent ni lire ni écrire et dont les connaissances en langue française étaient toutes récentes; on comprend fort bien que le problème se trouvait dans l’absence de politiques sociales réfléchies.Maurice traversa aussi une grave crise identitaire dès l’enfance. En effet il du souvent se battre avec les autres enfants algériens qui le traitaient de traître à cause de son prénom et des « origines » militaires de son père. Tous ses frères et sœurs avaient des prénoms arabes…mais pas lui. Il fut donc « schizophrènisé » (mes excuses aux connaisseurs de la psychiatrie) socialement et mentalement, dès la petite enfance.Son adolescence fut dans la violence, vol de voiture et racket dans un quartier où pour être un homme il ne faut jamais « tomber le regard », défendre les siens jusqu'à la mort et avoir passer quelques temps en prison (L’analyse de cet état d’esprit sera faite dans un prochain texte). Maurice vécu donc de petits boulots manuels et de « biz » de tous genres. La cause de sa première incarcération (4mois) ne me revient plus, pourtant ce fut la que s'arreta l'espoir de pouvoir officialiser son prénom arabe car il perdit alors ses droits civiques. Il faut comprendre que l’écrasante majorité de ses proches (hors famille) étaient déjà morts de causes non naturelles ou incarcérés et cela avant 28ans. Vint le choc de sa vie. Il fut éventré pour une histoire de magnétoscope volé, survécu de justesse mais se jura d’être de l’autre coté de la lame dès lors. La seconde incarcération fut de 5mois pour escroquerie. Aidé de deux partenaires, il passa quelques semaines à falsifier des chèques postaux toute la journée. Trop gourmands et pas assez réfléchis, ils furent arrêtés; le faussaire principal (un 3atay…bizarre mais ouais) fut expulsé vers une prison à Alger où il se suicida. Après avoir purgé cette peine Maurice rentra dans un état d’esprit assez singulier. En effet la justice lui demandait de rembourser à peu près 75 000fr (11 500 Euros) et ponctionnait tout ce qu’elle considérait comme surplus sur ces salaires légaux aux yeux de la loi française. Il refusa donc de travailler pour plus que le strict nécessaire et s’enferma ainsi dans un monde sans ambition positive. Un jour d’abus de poison (alcool), il vola une voiture mais trop ivre, se planta dans un mur un peu plus loin. La justice prenant son temps (4ans!), il oublia cette condamnation et parti dans le Sud Est de la France pour refaire sa vie. Au bout de quelques mois, les choses se passaient plutôt bien, le climat agréable aidant; et Maurice trouva un semblant de vie sociale stable. Pourtant, par un matin de printemps (c’est cynique, je sais) les gendarmes vinrent le réveiller et à sa grande surprise, l’emmenèrent directement au 213 chemin de Morgiou (prison des Baumettes à Marseille pour les non initiés). Il y resta 4 mois pour payer la dette du vol de voiture sur 500mètres 5ans auparavant…4 mois pendant lesquels il eut amplement le temps d’oublier les bons moments de sa nouvelle vie et pu retrouver ses anciens réflexes. De nouveau libre, il continua à travailler « à gauche à droite » comme on dit, puis se lança à nouveau dans le biz. Quelque chose de tout nouveau pour lui, le commerce du hashish. Appuyé et conseillé par quelqu’un de très jeune mais aussi instable que lui, il prospéra quelques temps puis fut balancé par un attardé à qui il vendait de la drogue dans ses moments d’ivresse. Car en effet Maurice s’était hélas éloigné de sa religion et s’était très bien intégré au mode de vie français en se qui concerne les habitudes culinaires (sauf le porc). Il buvait plusieurs litres d’alcool assaisonné de tranquillisants avec du THC en dessert et cela chaque jour…! Sa santé physique était donc aussi mauvaise que sa santé mentale. Il replongea dans un monde de violence, et d’affrontements quotidiens avec l’entourage hostile et raciste du Sud Est. La conscience embrumée du matin au soir, il se retrouva donc à nouveau entre les mains de la justice. Pourtant il ne fut pas condamné à de la prison cette fois ci. Arnaqué par un avocat, éprouvé par un violent accident de la route quelques temps auparavant, Maurice se présenta devant le tribunal (un théâtre inquisiteur) et joua carte sur table. Devant quelqu’un aux 9 condamnations et n’ayant vraiment rien à perdre, le juge fit preuve d’intelligence et de « clémence » et lui imposa simplement une amende. Pourtant à 38ans, sans femme ni enfants, Maurice ne pouvait être sauvé. Le système France l’a abattu avant même sa mort physique. Il n’est qu’un exemple tragique parmi tant d’autres. Toute une génération ghettoisée et sacrifiée sur l’autel du roi capital…Voici quelques extraits de la Déclaration des droits de l’homme (française…)Article 21.Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.2.De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté
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