Tuesday, July 12, 2005

Ô bien pensants!

Beaucoup de choses ont été écrites depuis la loi du 14mars 2004 en France. Je tiens cependant à faire ici un petit clin d’œil aux tenants de la « bien pensance » :Ô gang de l’éducation nationale! Ô associations de la lignée NPNS! Veuillez prendre le temps de lire ces textes, qui vous sont inconnus à n’en pas douter, mais dont vous revendiquez pourtant l’esprit.Article 18Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.Article 261. Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.2. L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix.3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants.Il s’agit ici de passages de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme, adoptée par l’assemblée générale de l’ONU le 10 décembre 1948.Mais pour être plus précis encore, voici des extraits de la Convention internationale relative aux Droits de l’enfant, tel qu’elle figure sur le site du ministère de la justice française…Article 30Dans les Etats où il existe des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques ou des personnes d'origine autochtone, un enfant autochtone ou appartenant à une de ces minorités ne peut être privé du droit d'avoir sa propre vie culturelle, de professer et de pratiquer sa propre religion ou d'employer sa propre langue en commun avec les autres membres de son groupe.Alors vu le niveau des débats qui ont eu lieu en France tout au long de cette inquisition médiatico politique, il semble utile de préciser que l’article précédent ne fini PAS par « sauf à l’école ».Il est absolument évident que cette loi est illégale au regard des autres lois concernant les droits de l’enfant; qu’elles soient nationales ou internationales!

Monday, July 11, 2005

Le $Hip-Pop$ ...ou l'imposture artistique

Comment rester silencieux alors qu’une escroquerie s’amplifie de jours en jours sous nos yeux d’amateurs de musique. Il y a un peu plus de 10ans, le mouvement Hip Hop se trouvait infiltré par les sbires de l’Empire. Chacun a hélas un prix et ce mouvement artistique n’échappe pas à la règle. Issue d’une pensée réformiste, souvent radicale; le Hip Hop exprimait lyriquement tout haut, ce que les exclus pensaient tout bas. Au moment du « bing bang » capitaliste (70-80), une grande partie de la population Nord Américaine était exclus de la course avant même le départ, généralement disqualifié pour cause de pigmentation épidermique « non réglementaire »…
C’est ainsi que beaucoup de penseurs; héritiers intellectuels des joutes verbales lyriques initiées par Mohammed Ali, se lancèrent dans la dénonciation de l’injustice qui les frappait. Au premier rang desquels, Public Ennemy dont les textes restent d’actualité 20ans plus tard. Bref, ces artistes voulaient bien sur vivre de leur musique, mais sans jamais trahir leurs racines idéologiques, elles mêmes étroitement liées aux souffrances des quartiers dont ils venaient. Ces fameux quartiers ont en effet plusieurs fonctions essentielles à l’Empire :

-Ils sont un rappel aux membres du club capitaliste, de ce qui arrive aux non membres.
-Ils sont une « exposition » intra frontières, de ce fameux Tiers Monde dont les membres entendent vaguement parler la lueur bleu le soir vers l’heure du dîner.
-Ils sont une zone chaotique où les membres peuvent venir échanger les « services » normalement gérés par les pouvoirs publics.

Les amateurs de musique urbaine étaient au rendez vous des productions artistiques Hip Hop. Parmi ces derniers, on pouvait trouver une large proportion de personnes « géographiquement » et idéologiquement très éloignés du mouvement Hip Hop, soutenant pourtant le travail de ces artistes « révolutionnaires ». Les raisons sont nombreuses et complexes mais on tentera néanmoins d’en faire un petit récapitulatif. Il est absolument évident pour quiconque connaît le monde dans lequel il vit, que les populations opprimées et exclues dans la société occidentale exercent une fascination (parfois malsaine, intellectuelle ou juste naïve) sur les « membres du club ». On peut noter que le sentiment de peur est très présent dans les rapports entre ces deux groupes de citoyens; une peur qui engendre le besoin de « connaître » l’autre (plus pour rassurer son ego que pour vraiment comprendre). Les ouvrages se penchant objectivement sur le sujet étaient rares et trop dérangeants pour les « membres »[1]; puis apparu cette musique, distribuée dans la boutique au coin de la rue, où l’on pouvait écouter (mais souvent pas entendre hélas) les revendications sociales, culturelles, ainsi que beaucoup d’appels au secours adressés à ces mêmes membres. Le marché pris donc rapidement beaucoup d’ampleur et attira ainsi les vautours et autres charognes de la machine marchande. Lentement mais sûrement, les fonds de productions furent investis dans des musiques « contre révolutionnaire » vantant les mérites du capitalisme inique. On oublia donc de demander la fin de la brutalité policière et de la sauvagerie économique, pour raconter de jolies petites balades sur des sons enchanteurs, nous expliquant que la vie dans les quartiers pauvres est dur mais romanesque : « La femme de ce type me préfère donc je lui ai tiré dessus, puis je me suis un peu drogué avant de faire un braquage »; agréable après tout…
Je ne m’attarderai surtout pas sur le traitement fait aux femmes dans cette mouvance musicale…
Avec comme « morale » finale, qu’il nous faut faire la course à l’argent, que l’argent fait l’homme et que ce système qui exclu et affame est en réalité équitable pour qui s’énerve. Avant de passer aux derniers avatars (notre objet d’aujourd’hui), qui ont hélas pris le devant de la scène Hip Hop; il faut préciser que la concurrence pour les membres est bien contrôlée de manière à rester physiquement pacifique alors que pour les non membres on encourage une concurrence violente et finalement autodestructrice. Ainsi la route de la déchéance artistique est arrivée au bord du précipice de la médiocrité. Nous avons aujourd’hui des « rappeurs » qui nous parlent de leurs compte en banque, des 500 000$ de diamants qu’ils ont sur le corps, de la taille des jantes des roues de leurs voitures, du nombre de femmes à qui ils ont fait des enfants (!!!) Et encore (!!!), voir même un cas extrême de bêtise humaine, qui a réussi à parler négativement pendant 5 heures (4 albums) de sa mère…et tout cela vendu plus de 22 millions de fois…!!!
Tous sont des produits et non des artistes. Les consommateurs d’inutilité sont habilement convaincus de l’originalité et de l’authenticité des produits qu’ils achètent. Un chanteur devient ainsi une pub ambulante, qui; après avoir épuisé le marché de tel « style » « corportementalo-vestimentaire », renouvelle sont commerce en changeant de « style » (l’arlequin est très en vogue ces jours ci)…Nous sommes bien sur tous d’accord sur le fait que la marionnette qu’on nous agite devant les yeux n’est en rien responsable de tout ça, étant intellectuellement trop limité pour pouvoir « comploter/marketing », et que les fameuses « majors » sont les responsables de ce bourrage de crâne malsain. Prenons comme exemple 50cent (Rien de personnel mais il est le plus présent donc…). Il ne s’agit évidement pas ici de faire le procès de sa personne mais de son rôle de bouffon. Lyrics déplorables, aucun message revendicatif, trahison totale du Hip Hop et agent très efficace de la contre révolution dans les esprits des plus immatures. Après avoir résumé en une ligne le travail de Snoop Dogg un peu plus haut, je ferai de même ici avec ses « idées » : « Je suis un gros dur, ex-prisonnier. On m’a tiré dessus plein de fois et maintenant j’ai réussi à être membre du club capitaliste donc la vie est belle. J’ai plein de femmes (bien sur le mot femme n’est pas dans son vocabulaire, mais bon…) autour de moi, je conduis de belles voitures, je suis le Roi, je suis génial (il a même osé se comparer a Mohamed Ali…rrrr) et comme je gagne beaucoup d’argent je n’ai aucune raisons d’apprendre à lire et écrire… »

Bref le mouvement Hip Hop est dans le coma et le Hip Pop le débranche à chaque fois qu’il va se réveiller (Talib Kweli, Common ou K-OS sont de vrai artistes par exemple).

En France on peut noter que le mouvement Hip Hop n’est pas encore totalement corrompus par $$$, toutefois on peut lui reprocher d’oublier de faire de la musique « musicale »… Phil
[1] Toute conscience honnête se doit de lire au moins un des deux suivants: The autobiography of Malcolm X par Alex Haley et Soul on Ice de Eldridge Cleaver.

Thursday, July 07, 2005

le système France heurte...

Il s’agit ici, à travers le portrait d’un homme, d’illustrer l’urgence et la nécessité de réforme du système France.

Il est né sur le sol français au début des années soixante. Ses parents avaient du fuir l’Algérie après l’indépendance car son père était un « Harki », un soldat français « indigène » comme ils disent…En réalité un berger, enrôlé de force dans cette armée coloniale; un berger des Aurès, dont le seul tort était de vivre dans la misère la plus totale et de s’être trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Ils arrivèrent ainsi dans une France hostile. A sa naissance les directives gouvernementales du général De Gaule poussaient les nouveaux venus à donner des noms « français » à leurs enfants nés sur le sol hexagonal. C’est ainsi que les infirmières de l’hôpital St Maurice, après avoir recherchées « longuement » dans leurs consciences d’agents de l’arrogance coloniale, le nommèrent Maurice devant la loi…Évidement ses parents lui donnèrent un nom arabe (plus exactement Berbère) en harmonie avec son identité, qu’il ne pu hélas jamais mettre à la place de son nom « français » pour des raisons que nous verront ultérieurement. Maurice grandit donc dans une cité HLM, au joli nom d’arbre, dans laquelle il fut exposé à toute la précarité, la misère et la violence qui en découle. Dès l’enfance les choses étaient très clairs pour tous ces enfants : leurs parents étaient exploités et travaillaient très dur (voir souvent beaucoup plus dur que les gens en dehors du ghetto) pour être pauvre. Sa scolarité fut un échec, les professeurs ethno-centrés; bon aller soyons direct, racistes et bigots, passaient plus de temps à vouloir assimiler ces enfants qu’à enseigner. Le premier souvenir d’école de Maurice était d’avoir était mis à la porte de sa classe car il insistait à répondre : Algérien! Quand son professeur lui demandait quel était son pays. Alors évidement on se demande tous pourquoi quelqu’un de supposément éduqué irai demander à un enfant de 7ans (et oui…7ans…) : Maurice, quel est ton pays? (on remarque que l’obsessionnel question française d’appartenance et d’allégeance remonte loin!) Et irai jusqu'à punir un enfant dont le cœur refuse l’assimilation…
C’est ainsi qu’il fut dégoûté de l’école dès le départ. Ajoutons à ça, des listes de matériels scolaires trop cher pour ses parents (comme tous ses voisins de la cité) et aucun accompagnement pour ces enfants dont les parents ne savaient souvent ni lire ni écrire et dont les connaissances en langue française étaient toutes récentes; on comprend fort bien que le problème se trouvait dans l’absence de politiques sociales réfléchies.
Maurice traversa aussi une grave crise identitaire dès l’enfance. En effet il du souvent se battre avec les autres enfants algériens qui le traitaient de traître à cause de son prénom et dès « origines » militaires de son père. Tous ses frères et sœurs avaient des prénoms arabes…mais pas lui. Il fut donc « schizophrènisé » (mes excuses aux connaisseurs de la psychiatrie) socialement et mentalement, dès la petite enfance.
Son adolescence fut dans la violence, vol de voiture et racket dans un quartier où pour être un homme il ne faut jamais « tomber le regard », défendre les siens jusqu'à la mort et avoir passer quelques temps en prison (L’analyse de cet état d’esprit sera faite dans un prochain texte). Maurice vécu donc de petits boulots manuels et de « biz » de tous genres. La cause de sa première incarcération (4mois) ne me revient plus. Il faut comprendre que l’écrasante majorité de ses proches (hors famille) étaient déjà morts de causes non naturelles ou incarcéré et cela avant 28ans. Vint le choc de sa vie. Il fut éventré pour une histoire de magnétoscope volé, survécu de justesse mais se jura d’être de l’autre coté de la lame dès lors. La seconde incarcération fut de 5mois pour escroquerie. Aidé de deux partenaires, il passa quelques semaines à falsifier des chèques postaux toute la journée. Trop gourmands et pas assez réfléchis, ils furent arrêtés; le faussaire principal (un 3atay…bizarre mais ouais) fut expulsé vers une prison à Alger où il se suicida. Après avoir purgé cette peine Maurice rentra dans un état d’esprit assez singulier. En effet la justice lui demandait de rembourser à peu près 75 000fr (11 500 Euros) et ponctionnait tout ce qu’elle considérait comme surplus sur ces salaires légaux aux yeux de la loi française. Il refusa donc de travailler pour plus que le strict nécessaire et s’enferma ainsi dans un monde sans ambition positive. Un jour d’abus de poison (alcool), il vola une voiture mais trop ivre, se planta dans un mur un peu plus loin. La justice prenant son temps (4ans!), il oublia cette condamnation et parti dans le Sud Est de la France pour refaire sa vie. Au bout de quelques mois, les choses se passaient plutôt bien, le climat agréable aidant; et Maurice trouva un semblant de vie sociale stable. Pourtant, pars un matin de printemps (c’est cynique, je sais) les gendarmes vinrent le réveiller et à sa grande surprise, l’emmenèrent directement au 213 chemin de Morgiou (prison des Baumettes à Marseille pour les non initiés). Il y resta 4 mois pour payer la dette du vol de voiture sur 500mètres 5ans auparavant…4 mois pendant lesquels il eut amplement le temps d’oublier les bons moments de sa nouvelles vie et pu retrouver ses anciens réflexes. De nouveau libre, il continua à travailler « à gauche à droite » comme on dit, puis se lança à nouveau dans le biz. Quelque chose de tout nouveau pour lui, le commerce du hashish. Appuyé et conseillé par quelqu’un de très jeune mais aussi instable que lui, il prospéra quelques temps puis fut balancé par un attardé à qui il vendait de la drogue dans ses moments d’ivresse. Car en effet Maurice s’était hélas éloigné de sa religion et s’était très bien intégré au mode de vie français en se qui concerne les habitudes culinaires (sauf le porc). Il buvait plusieurs litres d’alcool assaisonné de tranquillisants avec du THC en dessert et cela chaque jour…! Sa santé physique était donc aussi mauvaise que sa santé mentale. Il replongea dans un monde de violence, et d’affrontements quotidiens avec l’entourage hostile et raciste du Sud Est. La conscience embrumée du matin au soir, il se retrouva donc à nouveau entre les mains de la justice. Pourtant il ne fut pas condamné à de la prison cette fois ci. Arnaqué par un avocat, éprouvé par un violent accident de la route quelques temps auparavant, Maurice se présenta devant le tribunal (un théâtre inquisiteur) et joua carte sur table. Devant quelqu’un n’ayant vraiment rien à perdre, le juge fit preuve d’intelligence et de « clémence » et lui imposa simplement une amende. Pourtant à 38ans, sans femme ni enfants, Maurice ne pouvait être sauvé. Le système France l’a abattu avant même sa mort physique. Il n’est qu’un exemple tragique parmi tant d’autres. Toute une génération ghettoisée et sacrifiée sur l’hôtel du roi capital…


Voici quelques extraits de la Déclaration des droits de l’homme (française…)

Article 2
1.Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
2.De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté

Article 26
1. Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.
2. L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix.
3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants.

Chronique d’une vie de martyre économique du système France.

Il s’agit ici, à travers le portrait d’un homme, d’illustrer l’urgence et la nécessité de réforme du système France.Il est né sur le sol français au début des années soixante. Ses parents avaient du fuir l’Algérie après l’indépendance car son père était un « Harki », un soldat français « indigène » comme ils disent…En réalité un berger, enrôlé de force dans cette armée coloniale; un berger des Aurès, dont le seul tort était de vivre dans la misère la plus totale et de s’être trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Ils arrivèrent ainsi dans une France hostile. A sa naissance les directives gouvernementales du général De Gaule poussaient les nouveaux venus à donner des noms « français » à leurs enfants nés sur le sol hexagonal. C’est ainsi que les infirmières de l’hôpital St Maurice, après avoir recherchées « longuement » dans leurs consciences d’agents de l’arrogance coloniale, le nommèrent Maurice devant la loi…Évidement ses parents lui donnèrent un nom arabe (plus exactement Berbère) en harmonie avec son identité, qu’il ne pu hélas jamais mettre à la place de son nom « français » pour des raisons que nous verront ultérieurement. Maurice grandit donc dans une cité HLM, au joli nom d’arbre, dans laquelle il fut exposé à toute la précarité, la misère et la violence qui en découle. Dès l’enfance les choses étaient très clairs pour tous ces enfants : leurs parents étaient exploités et travaillaient très dur (voir souvent beaucoup plus dur que les gens en dehors du ghetto) pour être pauvre. Sa scolarité fut un échec, les professeurs ethno-centrés; bon aller soyons direct, racistes et bigots, passaient plus de temps à vouloir assimiler ces enfants qu’à enseigner. Le premier souvenir d’école de Maurice était d’avoir était mis à la porte de sa classe car il insistait à répondre : Algérien! Quand son professeur lui demandait quel était son pays. Alors évidement on se demande tous pourquoi quelqu’un de supposément éduqué irai demander à un enfant de 7ans (et oui…7ans…) : Maurice, quel est ton pays? (on remarque que l’obsessionnel question française d’appartenance et d’allégeance remonte loin!) Et irai jusqu'à punir un enfant dont le cœur refuse l’assimilation…C’est ainsi qu’il fut dégoûté de l’école dès le départ. Ajoutons à ça, des listes de matériels scolaires trop cher pour ses parents (comme tous ses voisins de la cité) et aucun accompagnement pour ces enfants dont les parents ne savaient souvent ni lire ni écrire et dont les connaissances en langue française étaient toutes récentes; on comprend fort bien que le problème se trouvait dans l’absence de politiques sociales réfléchies.Maurice traversa aussi une grave crise identitaire dès l’enfance. En effet il du souvent se battre avec les autres enfants algériens qui le traitaient de traître à cause de son prénom et des « origines » militaires de son père. Tous ses frères et sœurs avaient des prénoms arabes…mais pas lui. Il fut donc « schizophrènisé » (mes excuses aux connaisseurs de la psychiatrie) socialement et mentalement, dès la petite enfance.Son adolescence fut dans la violence, vol de voiture et racket dans un quartier où pour être un homme il ne faut jamais « tomber le regard », défendre les siens jusqu'à la mort et avoir passer quelques temps en prison (L’analyse de cet état d’esprit sera faite dans un prochain texte). Maurice vécu donc de petits boulots manuels et de « biz » de tous genres. La cause de sa première incarcération (4mois) ne me revient plus, pourtant ce fut la que s'arreta l'espoir de pouvoir officialiser son prénom arabe car il perdit alors ses droits civiques. Il faut comprendre que l’écrasante majorité de ses proches (hors famille) étaient déjà morts de causes non naturelles ou incarcérés et cela avant 28ans. Vint le choc de sa vie. Il fut éventré pour une histoire de magnétoscope volé, survécu de justesse mais se jura d’être de l’autre coté de la lame dès lors. La seconde incarcération fut de 5mois pour escroquerie. Aidé de deux partenaires, il passa quelques semaines à falsifier des chèques postaux toute la journée. Trop gourmands et pas assez réfléchis, ils furent arrêtés; le faussaire principal (un 3atay…bizarre mais ouais) fut expulsé vers une prison à Alger où il se suicida. Après avoir purgé cette peine Maurice rentra dans un état d’esprit assez singulier. En effet la justice lui demandait de rembourser à peu près 75 000fr (11 500 Euros) et ponctionnait tout ce qu’elle considérait comme surplus sur ces salaires légaux aux yeux de la loi française. Il refusa donc de travailler pour plus que le strict nécessaire et s’enferma ainsi dans un monde sans ambition positive. Un jour d’abus de poison (alcool), il vola une voiture mais trop ivre, se planta dans un mur un peu plus loin. La justice prenant son temps (4ans!), il oublia cette condamnation et parti dans le Sud Est de la France pour refaire sa vie. Au bout de quelques mois, les choses se passaient plutôt bien, le climat agréable aidant; et Maurice trouva un semblant de vie sociale stable. Pourtant, par un matin de printemps (c’est cynique, je sais) les gendarmes vinrent le réveiller et à sa grande surprise, l’emmenèrent directement au 213 chemin de Morgiou (prison des Baumettes à Marseille pour les non initiés). Il y resta 4 mois pour payer la dette du vol de voiture sur 500mètres 5ans auparavant…4 mois pendant lesquels il eut amplement le temps d’oublier les bons moments de sa nouvelle vie et pu retrouver ses anciens réflexes. De nouveau libre, il continua à travailler « à gauche à droite » comme on dit, puis se lança à nouveau dans le biz. Quelque chose de tout nouveau pour lui, le commerce du hashish. Appuyé et conseillé par quelqu’un de très jeune mais aussi instable que lui, il prospéra quelques temps puis fut balancé par un attardé à qui il vendait de la drogue dans ses moments d’ivresse. Car en effet Maurice s’était hélas éloigné de sa religion et s’était très bien intégré au mode de vie français en se qui concerne les habitudes culinaires (sauf le porc). Il buvait plusieurs litres d’alcool assaisonné de tranquillisants avec du THC en dessert et cela chaque jour…! Sa santé physique était donc aussi mauvaise que sa santé mentale. Il replongea dans un monde de violence, et d’affrontements quotidiens avec l’entourage hostile et raciste du Sud Est. La conscience embrumée du matin au soir, il se retrouva donc à nouveau entre les mains de la justice. Pourtant il ne fut pas condamné à de la prison cette fois ci. Arnaqué par un avocat, éprouvé par un violent accident de la route quelques temps auparavant, Maurice se présenta devant le tribunal (un théâtre inquisiteur) et joua carte sur table. Devant quelqu’un aux 9 condamnations et n’ayant vraiment rien à perdre, le juge fit preuve d’intelligence et de « clémence » et lui imposa simplement une amende. Pourtant à 38ans, sans femme ni enfants, Maurice ne pouvait être sauvé. Le système France l’a abattu avant même sa mort physique. Il n’est qu’un exemple tragique parmi tant d’autres. Toute une génération ghettoisée et sacrifiée sur l’autel du roi capital…Voici quelques extraits de la Déclaration des droits de l’homme (française…)Article 21.Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.2.De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté